FORMATION 2016 / 2019. Matières à penser, ressentir et agir face aux radicalisations.

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Une formation pluridisciplinaire et créative pour enrichir son approche théorique et pratique.
> Croiser les regards, les connaissances, les pratiques professionnelles et logiques de travail.
Prendre du recul, enrichir son analyse, imaginer des leviers préventifs.

Cette formation est le fruit d’une collaboration entre Le Cerese et Anthropos Cultures Associées.

Contextes

Les acteurs de terrain et les citoyens en général sont parfois confrontés à des comportements ou des discours qui les choquent, ou les questionnent, parce qu’ils semblent en priseavec des idéologies qui remettent en cause l’esprit des principes républicains et les conditions d’un vivre-ensemble apaisé.

Le contexte n’est pas neutre. La France a fait l’objet de plusieurs attaques terroristes et de multiples théories se sont développées sur les phénomènes d’embrigadement de jeunes et familles par l’imaginaire et les objectifs de « Daesh ». L’état et les collectivités locales ont élaboré plusieurs stratégies pour enrayer les dits phénomènes, et les médias ont parfois attisé les peurs en diffusant des opinions et des humeurs plutôt que de la pensée.

La logique du «dépistage» (comment reconnaître un individu potentiellement radicalisé ?) avec une liste d’indicateurs combinant crise « classique » de l’adolescence, révolte politique, fragilité psychique, rancœurs sociales, flous identitaires, revanches historiques, signes d’une appartenance religieuse revendiquée et/ou signes réels de radicalisation violente… peut augmenter le stress existant (avec le risque de fantasmer ce qui n’existe pas – et de ne pas voir ce qui a lieu).

Deux dangers continuent de coexister : l’extrême violence surgissant n’importe où n’importe quand – et une ambiance quotidiennement délétère et suspicieuse qui mine le tissu social, attise laméfiance ou la haine et renforce le sentiment d’impuissance.

Il est alors nécessaire de prendre régulièrement du recul pour partager nos connaissances, nos approches et nos expériences.

Objectifs globaux

  • Acquérir ou affiner ses connaissances sur les phénomènes de radicalisation
  • Acquérir ou renforcer ses ressources liées à l’approche historique du religieux et en particulier l’Islam afin de clarifier certaines confusions et approfondir ses connaissances
  • Mieux saisir les liens entre l’affectif et l’idéologique, les écarts entre fantasmes et réalités
  • Mieux appréhender les propos et attitudes des publics en lien avec ces phénomènes 
  • Envisager de nouvelles manières d’agir dans une logique préventive, collective et apaisée

Publics

  • Acteurs  de terrain : social, éducation, justice, soin, habitat… et toute personne intéressée.
  • Associations, éducation nationale, institutions, entreprises…

Programme et processus pédagogique

Entrée en matière

Radicalisations ? Définir de quoi nous parlons aujourd’hui. Une seule théorie explicative ne suffit pas, puisqu’il s’agit de phénomènes empruntant des mécanismes multi-factoriels : affectifs, géopolitiques, religieux, sociaux, économiques, sociétaux, politiques, familiaux, psychiques et parfois psychopathologiques… Explorer différentes analyses en les combinant plutôt qu’en les opposant, en permettant de faire groupe y compris au sein de la formation.

Contenus :

  • Définitions de termes clés (radicalisations, djihad, terrorisme, mécréants, origines, conflits temporel / intemporel…) 
  • Vulgarisation des analyses élaborées par des chercheurs de divers horizons
  • Tour de table et inclusion des réflexions et sensations issues du groupe

Aimantations « individu / idéologie » – et renversement des valeurs

Temps d’éclairage spécifique sur les processus d’adhésion à l’œuvreen ce qui concerne l’idéologie de l’Etat Islamique, et des différents imaginaires religieux et politiques convoqués dans leurs récits du monde. L’EI a certes été affaibli au niveau territorial en Irak et en Syrie, mais continue de s’immiscer dans les esprits, de faire des adeptes et des dégats. 

À partir du film « Aimantations », il s’agit de comprendre, à la fois sur le fond et sur la forme, comment des messages idéologiques qui terrifient le plus grand nombre, peuvent capter avec une telle puissance l’imaginaire, les fantasmes, les rancœurs et les haines de certaines personnes en leur donnant l’illusion de renaître dans une appartenance idéalisée, et d’acquérir une reconnaissance dans un projet qui leur semble révolutionnaire ou rédempteur.

Contenus :

  • Diffusion du film « Aimantations » réalisé par Sandrine Delrieu. Échanges.
  • L’idéologie de type Daesh et les processus d’aimantations. Trois grands types de profils :
    • La psychose, le morcellement et ses logiques (avec un éclairage sur la différence entre conversion mystique et conversion psychotique, sur les angoisses spécifiques de la vie après la mort (paradis/enfer), et sur les intensités pulsionnelles.
    • Mal-être, blessures, frustrations, quêtes ou idéalisations aveuglées d’un « autre monde »
    • L’idéologie « pure et dure », normalisée par le groupe
  • Les blessures de l’être, réactivités et postures identitaires.
  • Changement de regard : horreur pour les uns, idéal pour les autres ?
  • Comment sortir des logiques binaires, du clivage, du « ou » ? L’usage de la fonction « Tiers ».
  • Éclairages sur la différence entre les trois langages : scientifique, symbolique et religieux.

Terrains d’emprises

Comment ces processus d’aimantation sont-ils spécifiquement à l’oeuvre :

  • A la période de l’adolescence, avec la complexité qui l’accompagne
  • Auprès de personnes qui ont accumulé des sentiments de frustration, d’humiliations, d’absence de légitimité, quels que soient leur origine ou leur milieu social. Des blessures de l’être au retournement du besoin de liens… en haine dans le lien.
  • Sur internet : l’infini des possibles, théorisations frauduleuses, réseaux sociaux
  • En milieu carcéral : contextes, parcours, relationnels
  • Dans un contexte de quête spirituelle et existentielle : Comment dialoguer de cette quête, et avec les jeunes ? Quelle différence entre spiritualité et religion ? Comment résoudre les récits d’incompatibilités entre lois divines et lois humaines dans une république laïque ? 

Contenus :

  • Adolescences et radicalisations : miroirs troublants, processus de transformations
  • Exclusions, humiliations, discriminations, ruptures : les logiques de l’impuissance face à la société et au monde ; analyses sociologiques.
  • Sur internet, du complot aux théorisations extrêmes
  • En milieu carcéral : logiques de rédemption et d’entre-soi
  • Laïcité, religion, spiritualité, vivre-ensemble : valeurs communes, mise en perspective

Approche historique et anthropologique du Coran et de l’Islam

Le passé infuse dans les imaginaires et l’inconscient collectif à travers de nombreux récits,  souvent chargés d’émotions, de mythifications, de confusions ou de traumas/colères. Le travail d’analyse et de recontextualisation historique apporte des éclairages utiles pour prendre du recul et mieux dialoguer. Que racontent les historiens et chercheurs sur la société tribale de Muhammad dans l’Arabie du 7èmesiècle ? Comment une religion témoigne-t-elle également du type de société et d’évènements politiques dans laquelle elle émergea ? Les événements survenus depuis le 18èmesiècle peuplent également les imaginaires et font pression dans le présent (apparition du wahhabisme, colonisation-décolonisation, fin de l’empire ottoman, révolution iranienne, conflit chiisme / sunnisme…) et forment pour de nombreuses personnes un grand magma émotionnel que les semeurs de clivages savent manipuler.

Contenus :

  • D’où vient le sentiment religieux à travers les âges ? Que raconte-t-il ? Que demande-t-il ?
  • Histoire et anthropologie du 7ème siècle. Le Coran et les fondations de l’Islam, un autre regard sur des textes devenus religieux (méthode de l’islamologue Rachid Benzine, et apports de chercheurs).
  • Le tournant du 18ème siècle, le wahhabisme, la colonisation, la fin de l’empire ottoman…
  • Les croyances d’aujourd’hui dans les pratiques des jeunes, et le magma dans les références.

Nourrir les méthodologies

Réflexion collective sur les postures professionnelles et des pédagogies opérantes lorsque des personnes affichent un positionnement idéologique radical. 

Comment enrichir des logiques éducatives qui s’inscrivent généralement dans une posture de transmission de savoirs, d’apports de connaissances et de valeurs, qui ne suffisent pas à modifier ces positionnements,et peuvent même les renforcer en enfermant l’autre dans une relative passivité ? Les approches participatives sont davantage propices à redonner du pouvoir d’agir, et s’articulent autour de trois axes principaux : expression, valorisation, expérimentation. 

Contenus :

  • L’apport de connaissances et la recherche de vérité : nourrir les contenus
  • Le corps : stress, traumatismes, pulsionnalité, réactivité. Comment décoloniser du bruit du monde, recentrer et apaiser ? Calme, prise de recul et esprit critique. Exercices, respirations.
  • La parole et l’écoute : animer un débat sur des sujets « polémiques » – exercice de mise en situation théâtralisée
  • Les logiques de défense et de re-légitimation : redonner du pouvoir d’agir face à des phénomènes de discriminations et/ou d’auto-exclusion.
  • Mettre en projets : expérimenter des valeurs, cultiver la dimension du « faire ».

Pédagogie 

  • Apports de connaissances transversales
  • Supports diversifiés : textes, images, films
  • Ateliers en sous-groupes, jeux
  • Débats et temps d’échanges, appropriation des contenus, interactivité

➜ Un livret complet individuel est remis aux stagiaires (60 à 70 pages)
➜ Le centre de ressources en ligne du Cerese permet de continuer à partager des contenus.

Intervenantes

Sandrine Delrieu, sophrologue, sophro-analyste / Le Cerese
Mots clefs : psychanalyse et radicalisations affectives, approche historique et anthropologique du religieux, repères géopolitiques, « apaiser les blessures de l’être, les clivages et la haine », construction du Sujet et pouvoir d’agir.

Florence Lardillon, ingénieur social
Mots clefs : Lutte contre les discriminations, pouvoir d’agir, parentalité, participation, citoyenneté, laïcité, promotion de la santé, démarche projet.

Clotilde O’Deyé, socio-anthropologue
Mots clefs : parentalité, interculturalité, posture professionnelle, jeunesse, pouvoir d’agir, exil, intégration, laïcité, démarche projet.
www.anthropos-consultants.fr

Historique de cette formation

  • Cette formation a été réalisée en 2016 dans le cadre d’un projet « Créer pour résister ensemble » financé par le CGET.
  • Elle fut développée en 2017/2018 en collèges et lycées du Réseau Éducation Prioritaire avec le Rectorat Aix-Marseille et mise en oeuvre dans un projet intitulé “Jeunes à vif”, co-construit avec le Théâtre de La Cité.
  • Depuis 2018, la formation a été remaniée pour s’adapter à plusieurs contextes (social, éducatif, centre de détention, entreprise…).
    Chaque session est co-construire avec les partenaires concernés.

Contact pour l’inscription

Sandrine Delrieu : 06 46 48 36 97
Mail : lecerese@gmail.com

Clotilde O’Deyé : 06 20 35 90 44
Mail : lesculturesassociees@gmail.com

Coût / Prise en charge (2 jours)

Cette formation peut être prise en charge par la formation professionnelle, notamment pour les structures qui désirent la réaliser pour leurs salariés / intervenants..

Salariés / activité libérale : 450€
Prise en charge individuelle : 150€

Autres informations / formats

1/ Cette formation peut également être demandée en « intra » avec des formats adaptés aux spécificités des équipes et structures. 

2/ Dans une logique de territoire et de dynamique entre plusieurs structures (un collège/lycée + un centre social, une association…), cette formation peut s’inscrire dans un parcours collectif, en lien notamment avec les Politiques de la ville.

Ce temps de co-formation et d’échanges peut également déclencher des idées communes dépassant le cadre des deux jours de formation (inviter ensemble un chercheur ou un auteur, programmer un film avec des jeunes…).

Nous contacter pour informations et devis.